Janvier 2015 – Thaïlande du Nord – Boucle de Mae Hong Son  







Nous empruntons de sinueuses routes de montagnes.

Personne n’est malade dans la voiture mais ce qui devait arriver arriva : les freins de Baloo lâchent en pleine descente…



Plus de peur que de mal heureusement car nous avions senti venir le coup et roulions lentement…

Nous nous garons sur le bas-côté et Bastien entreprend de réparer une fixation de la cellule sur le châssis, en attendant que les plaquettes de frein refroidissent…





… pendant que nos filles, ravies, enchaînent les parties de mistigri !

La routine, Jeanne, rien que la routine !

Au garage de Mae Chem, nous sommes accueillis par un couple d’atypiques voyageurs thaïlandais, passionnés de photographie et de vieilles pierres ! Ils nous offrent des viennoiseries et nous montrent un superbe montage photo de leur voyage en France – que notre pays de cocagne est beau vu d’ici !





Rien à voir avec l’image du garagiste traditionnel ! Une heure après, néanmoins, Baloo est réparé… Ouf !

Korp kun ka my friends!





Il était bel et bien temps de changer les plaquettes…

Nous sommes maintenant prêts à entamer la fameuse boucle de Mae Hong Son et ses 1864 virages de montagne !



Nous passons la nuit dans le jardin d’un foyer chrétien permettant aux jeunes karens des villages alentour d’être scolarisés à Mae Chem.

Nous sommes très touchés de l’accueil du prêtre rédemptoriste: il nous demande de nous présenter et d’expliquer notre voyage aux jeunes - qui ne cachent pas leur enthousiasme ! Quel bon moment !




Nous nous souviendrons longtemps de notre toilette dans la maison des filles : un bassin carrelé rempli d’eau glacée, un bol avec lequel s’asperger, le tout dans les WC, voilà la douche !

Qui nous fait un bien fou après la poussière de ces derniers jours…





Un peu avant Mae La Noi, surprise : des moutons.

C’est exotique par ici !




Effectivement, l’endroit est unique !

Aurélie, se prenant pour la Belle au Bois Dormant, manie bien mal la quenouille… Il faut dire qu’il n’est pas facile de filer la laine sur cette antique et branlante roue de bois.





Aussi, plutôt que de filer un mauvais coton, préfère-t-elle – accompagnée de Jeanne et de Faustine - faire main basse sur les ravissantes écharpes, en coton et laine tissées, de cette boutique improvisée !

L’influence birmane est palpable dans la province reculée de Mae Hong Son. Nous la découvrons grâce à Pin de l’ethnie Thaï Yaï (Shan du Myanmar) qui, en nous voyant avec Baloo, nous invite spontanément à camper devant chez elle, près des délicieuses sources d’eaux thermales de Pha Bong !

Au milieu des rizières en eau, le cadre est magnifique !

Mais ce n’est pas tout : Pin nous convie également à un dîner traditionnel Shan qu’elle organise avec quelques amis ! Assis par terre autour d’un brasero en terre, nous nous régalons de viandes, de pâtes et de légumes parfumés.

Nous sommes interpellés par l’histoire de ce brin de jeune fille de 24 ans dont les parents ont fui la Birmanie pour travailler en Thaïlande. Rapidement seule avec sa mère et son jeune frère à charge, Pin a beaucoup travaillé avant de rencontrer, René, un allemand de 20 ans son aîné.

Marié, elle vit désormais en Allemagne et revient régulièrement en Thaïlande où elle a fait construire une maison pour sa mère grâce aux heures de ménage et de baby-sitting bien payés qu’elle effectue en Europe. Elle parle un anglais impeccable, a appris l’allemand et souhaite se mettre au français qu’elle a découvert lors de ses voyages en France





Ses rêves désormais : traverser l’Europe et l’Asie, de l’Allemagne à la Thaïlande en passant par la Birmanie, avec René à bord de leur mythique Combi Volkswagen !

Et aussi faire construire sa propre maison ici en Thaïlande…

Pin a 24 ans et une farouche volonté de réussir. Bravo la belle et good luck !

A Mae Hong Son, nous visitons deux beaux temples de style birman-shan paisiblement adossés au lac Nong Jong Kham

Couleurs vives, ornements en zinc et chédis chaulés évoquent le Myanmar, pays auquel nous avons renoncé à regret…

Jeunes moines de moins de 20 ans (ayant pris l’habit et la sébile pour une semaine afin de remplir leur devoir et acquérir des mérites), moines définitivement ordonnés, pèlerins d’un jour et fidèles de tous les jours méditent et se recueillent

Ils font des offrandes : fleurs, bougies, bâtons d’encens, billets de banque…





… et paniers garnis pour les moines qui passent chaque matin dans les rues avec leur bol d’aumône que les fidèles remplissent de nourriture pour la journée

Bien sûr nos filles apprécient ! Dorures et couleurs vives, Bouddhas lumineux, lancers de pièces et bougies flottantes : la spiritualité revêt ici une expression joyeuse, souvent enfantine ! On a même le droit de faire sonner le gong, et v’lan !





Sur la route de Pai, nous voyons apparaître de spectaculaires formations karstiques.

Elles abritent des réseaux souterrains de grottes calcaires, parmi les plus vastes du monde

C’est parti pour un prodigieux voyage dans les entrailles de la terre ! Notre radeau en bambou s’enfonce dans l’immense cathédrale souterraine de Tham Lot, peuplée de chauves-souris et de poissons troglobies : 1. 6 km de long, 600 m de large ; claustrophobes s’abstenir…

Nous accédons aux Cavernes de la Poupée, de la Colonne et du Cercueil par d’abrupts escaliers de bois. La montée est éreintante, la descente périlleuse, la sécurité plus que limite compte-tenu de la foule sur les passerelles... Car l’endroit est touristique. Et très impressionnant - émouvant même - avec ses longs cercueils deux fois millénaires taillés dans des troncs de tecks par de mystérieuses civilisations passées…

Les femmes Shan d’origine birmane, que nous apercevons dans des échoppes de fortune sur le bord de la route principale, ont le visage recouvert d’une poudre jaune destinée à les protéger du soleil. Discrètes et souriantes, elles vendent des tissus, des sacs et des pompons. Nous aurions envie de tout acheter, rien que pour les soutenir !

En quittant la route afin de trouver un bivouac, nous prenons en stop une jeune femme qui se rend dans un village Akkha. Pas de costume traditionnel cette fois (on aurait aimé pourtant !) mais les travaux des champs avec cette drôle de moissonneuse-batteuse qui sépare les épis de maïs en pulvérisant les déchets dans les airs, sous le regard concentré de la moitié des hommes du village!

A la recherche du bivouac

« Ok bivouac ! »

Nous cuisinons une délicieuse potée au feu de bois grâce à de drôles de légumes sauvages ramenés par nos filles - à mi-chemin entre la courge et la courgette - et nous nous demandons en regardant le soleil embraser les épis d’une flamboyante couleur fauve, comment nous allons survivre au retour…

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