Septembre 2013 - Brésil - Rio Grande do Sul




La frontière que nous franchissons sans difficulté à Chuy nous fait passer du plus petit pays d'Amérique du Sud, réputé si « tranquilo », au plus grand, pays-continent souvent redouté pour son insécurité. Pour l'heure, le contraste vient surtout pour nous de la langue : nous ne pipons pas un mot à ce que les gens nous disent !

Heureusement, dès notre premier arrêt, Malina frappe à notre carreau et s'exclame, enthousiaste, en espagnol : « es una expedicion ? ». La vue de nos 4 filles suscite des « que linda ! que linda ! (qu'elles sont belles !)» en boucle et nous voilà invités à visiter le musée de la préhistoire dans lequel elle travaille. Incroyable mais vrai !





De nombreux ossements et fossiles ont en effet été découverts à Santa Vitoria do Palmar. Les filles ont donc un cours d'histoire en direct. Passionnant !

Et amusant pour nous ! Ici les hommes préhistoriques sont représentés comme des indiens et la carte de référence est celle d'Amérique latine





Nous admirons les pierres polies servant pour le feu et la cuisine, les pointes de flèches, silex et autres armes préhistoriques. Les filles, qui vivent plus au contact de la nature depuis le début de notre aventure, sont impressionnées : elles mesurent les heures de travail et le talent déployé par ces premiers hommes pour survivre.







Grâce à Malina, nous passons notre première nuit brésilienne chez Hamilton Koëlho, un artiste qui sculpte les os des baleines échouées sur la plage






Il a créé un éco-musée qu'il nous fait visiter en nous partageant avec humilité et passion son travail, fruit de sa réflexion sur les rapports entre l'homme et la nature. Aurélie est aux anges !

Ses sculptures nous plaisent bien. Elles sont hélas bien trop encombrantes !






Nous traversons dans le froid et la pluie les immenses étendues marécageuses du sud du Rio Grande do Sul, pays des fiers gauchos portant cape, bottes et chapeau sur leur fidèle monture (« maman, j'ai vu Zorro ! »). Ici les troupeaux comptent des milliers de tête.







En traversant la réserve écologique du Taïm, nous apercevons ce drôle de panneau...






Suivi de ces drôles d'animaux ! Les capibaras (ou carpinchos) sont les plus gros rongeurs du monde : ils nous font penser à une sorte de croisement entre le cochon d'inde, le castor et l'hippopotame ! Les mâles adultes, parfaitement inoffensifs, peuvent atteindre jusqu'à 80 kgs et sont délicieux grillés..., paraît-il !

Nous avalons les kilomètres à travers la pampa gaucha afin d'atteindre les fameuses chutes d'Iguazu à 1200 kms au Nord. Nous faisons halte dans une station-service. Seuls les camions, énormes, roulent au diesel. Celui-ci nous a bien plu !

Nous tentons le restaurant de routiers où nous faisons sensation ! Il n'y a pas de menu et notre portugais nous joue un vilain tour : ne comprenant rien, nous commandons comme les clients devant nous « a la minuta ! », pensant à une formule rapide du type « plat du jour »... Prudents, nous commandons pour 3.

Nous voyons alors défiler une série interminable de plats : salade de pommes de terre, betteraves, chou, brocolis, salade verte, puis un demi-poulet, un steack, une escalope milanaise géante avec un oeuf, un saladier de riz, des haricots noirs en sauce (feijoa), des patates douces au miel et des frites ! Info prise : il s'agissait bien de la formule rapide et économique !
Il nous faudra donc diviser les quantités par 3, sous peine de finir énormes !







La route traverse une campagne verdoyante et agricole, parsemée d'énormes silos gardés. L'horizon nous encercle : où que nous regardions, il se dérobe et nous emmène plus loin







Pour notre premier bivouac brésilien en pleine nature, nous décidons de demander l'hospitalité dans une ferme. Nous poussons la barrière... Mais il n'y a personne !

Nous décidons de nous arrêter en bordure de chemin, en lisière d'un petit bois. Il n'y a pas une seule âme qui vive : ni à droite, ni à gauche !

La vue sur les champs vallonnés est magnifique dans la lumière de cette fin d'après-midi. Quel sentiment de liberté !







Les filles cueillent des fleurs inconnues et magnifiques qu'elles jettent dans un ruisseau, en l'honneur du mariage de leur tante Pauline à qui nous pensons si fort ces jours-ci






Rose, qui regrette sa tenue de petite fille d'honneur, s'en décore et en revêt ses petites soeurs amusées !









De son côté, Faustine fabrique des raquettes très réussies avec des palmes






Tous nos voeux de bonheur chers Christophe et Pauline : nous sommes de tout coeur avec vous en ces jours si importants ; nous regrettons bien de ne pouvoir vous entourer !


Au cours de leurs jeux, les filles découvrent des os éparpillés, probablement un cheval... Nous voilà partis pour une leçon de biologie grandeur nature ! Impressionnant !







Après toutes ces émotions, nous leur permettons de regarder un petit dessin animé, histoire de chasser la peur du loup... Il n'y a pas de loup au Brésil, n'est-ce pas ?



Nous nous arrêtons dans les rares villages qui se trouvent sur notre itinéraire et nous sommes à chaque fois émerveillés par la gentillesse des gens. Autant les uruguayens gardaient une réserve discrète et bienveillante, autant les brésiliens viennent spontanément à nous! A Santana Boa da Vista, Juanaria offre des bonbons et des jouets aux filles et nous fait cadeau d'une bonbonne d'eau de 26 litres (qui éclata dans notre cellule, conduite 4X4 oblige, inondant tout sur son passage...) !

Ici Bastien discute avec des jeunes qui jouaient au foot lorsque Baloo a malencontreusement roulé sur leur ballon. Sans rancune ? Sans rancune !


Arrivés tard à Nova Palma après une longue journée de route sous la pluie, nous cherchons le seul camping que nous indique notre GPS à plus de 100 kms à la ronde. Il ne nous inspire guère : c'est un camping municipal qui semble à l'abandon et accueille, pour l'heure, un rassemblement festif avec sono et musique... Mais nous n'avons pas le choix !

Nous faisons contre mauvaise fortune bon coeur. La brigada qui tourne en voiture nous assure que le lieu est safe et qu'elle fera des rondes pour veiller sur nous (rassurant !) lorsque Dahva, qui a suivi notre échange, nous invite sans plus de formalités chez elle ! Nous acceptons et la suivons sur une piste qui s'enfonce dans la forêt.



Nous allons vivre dans sa famille deux jours inoubliables, si riches humainement ! Dahva et son époux Sonildo sont mariés depuis 25 ans, ils sont évangéliques, ont 4 grands enfants, 6 chiens, des moutons, des poules, deux coqs, des oies, un porc et une vache.

Ils ont acquis récemment leur maison dans laquelle ils sont très fiers de nous accueillir : ils ont fait de gros travaux et disposent de tout le confort moderne (cuisine équipée, salle de bain carrelée, lave-linge, garage). Mais ils n'ont pas fini : le toit de tôle ondulée n'est pas isolé, le vent s'y engouffre et il fait froid.






Nous faisons chez eux l'expérience extraordinaire de la rencontre, cette alchimie unique bien difficile à décrire ! Nous sommes émerveillés de nous comprendre et de nous rejoindre malgré nos différences si grandes !


Faustine et Rose également se lient d'amitié avec Marciley, une nièce de Dahva, avec qui elles jouent des heures durant malgré la barrière de la langue !







A l'image de ce généreux gâteau, Dahva nous partage tout ce qu'elle a ; sa joie est de nous recevoir dans sa maison







Elle cuisine donc pour nous, lave notre linge, devine nos besoins et refuse que nous mettions la main à la pâte alors qu'elle est déjà bien occupée par sa famille et les travaux de la ferme qu'elle assure seule, son mari travaillant comme ouvrier en ville.

C'est une sacrée leçon pour nous !

Après ces moments si intenses, il nous est bien difficile de nous quitter ! Merci Dahva pour ton hospitalité ! Tes éclats de rire résonnent encore en nous !

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