Octobre 2013 - Brésil - Paranà





En quittant Foz de Iguazu, nous décidons de visiter le barrage d'Itaipu, construit entre 1975 et 1982 sur le rio Paranà, à la frontière du Paraguay et du Brésil. Il s'agit du 2ème plus grand barrage du monde après celui des Trois-Gorges en Chine. Il alimente en électricité tout le Paraguay et 20% du Brésil.
C'est énorme !





Nos filles étant trop petites pour la visite de l'intérieur du barrage, nous montons dans un bus touristique pour une promenade sur le barrage.






Désert mais bien gardé !

Nous prenons des photos lors de la pause laissée aux gentils touristes pour mitrailler en rythme pendant cinq minutes ! Ici devant l'homme machine...

Et nous contentons des explications des maquettes et plaquettes de présentation sur le fonctionnement des diverses turbines et rotors...


Cette visite n'a pas fait naître de vocation d'ingénieur chez nos filles même si nous avons été stupéfaits d'apprendre que toute l'eau des chutes d'Iguazu ne fournirait assez de puissance que pour alimenter 2 des 18 unités génératrices du barrage !

Nous découvrons que ce projet engloutît assez de béton pour construire une route entre Moscou et Lisbonne ; assez d'acier et de fer pour construire 380 Tours Eiffel ! Impressionnant ! Mais d'ici-là à élire le barrage comme septième merveille du monde moderne...





En remontant vers le Nord, nous longeons le gigantesque lac de retenue de 1330 km2 engendré par le barrage. Avec un secret espoir... : s'y baigner ! Car le thermomètre affiche désormais 30°C.

Nous tombons sous le charme de ce balneario si paisible et décidons d'y bivouaquer. Nous avons quitté la mer mais nous prolongeons avec plaisir baignades et châteaux de sable


La vue de ce ponton donne à nos filles envie de pêcher. Elles resteraient bien là plusieurs jours ! Mais nous devons reprendre la route... Dans leur désarroi, elles tentent le tout pour le tout : « si nous restons-là, nous pourrons faire l'école et rattraper notre retard » !

Nous prenons en effet souvent du retard lorsque nous faisons de grosses journées de route pendant 3 à 4 jours. Nous rattrapons alors les jours suivants en mettant les bouchées doubles ! Une organisation qui nous convient bien...



Un petit panneau sur le bord de la route indique Reserva indigena. Nous sommes intrigués. Mais nos filles dorment et la nuit tombe, ce n'est pas le moment. Déception !

Nous nous renseignons et apprenons qu'il existe un village d'indiens guaranis sur notre route du lendemain. Il n'est indiqué par aucun panneau et ne figure pas sur la carte. Une piste pour 4X4 uniquement y conduirait... Nous l'empruntons !





Au bout d'un long moment, quelques animaux apparaissent sur le bord de la piste, des moutons, des poules, des chiens ; nous devinons un semblant de cultures, entrevoyons des baraques de fortune. Nous ralentissons.





Des enfants nous dévisagent. Des portes s'ouvrent et laissent apparaître des silhouettes surprises. Des hommes avec des machettes s'approchent. Nous avons un moment d'hésitation. Est-ce là ?

Nous nous arrêtons.






Oui, c'est bien là. Le chef du village n'est pas ici, sorti en ville, avec le professeur. Voilà le pasteur






Nos filles offrent des cadeaux aux enfants, intimidés et graves. Les visages s'éclairent peu à peu...



Pedro comprend un peu notre espagnol, il nous sert de traducteur : 30 familles vivent ici, il y a deux chefs, une église pentecôtiste, une école, une voiture. Lui et sa femme ont 5 enfants, il n'a pas de travail mais cultive un peu de maïs et de manioc.

Nous partons à pieds visiter l'école, la moitié du village à notre suite, l'autre moitié autour de Baloo...

Nous sommes bouleversés par la misère des familles guaranis qui subsistent ici, coupés du monde, à quelques kilomètres seulement de la grande route.






L'école ramenée à l'essentiel : un toit, un professeur, quelques pupitres





Sur le tableau noir, la leçon du jour dessinée à la craie : un poème en tupi-guarani.


Le sort de ces enfants et de leur peuple nous émeut.

Dépossédés de leur terre ancestrale - avec laquelle ils entretiennent une forte relation spirituelle - transformée en vastes pâturages ou en plantations de canne à sucre, les Indiens sont contraints de vivre dans des campements de fortune le long des routes ou dans des réserves surpeuplées.

Les communautés qui tentent de retourner sur leurs terres sont confrontées à une extrême violence, les fermiers employant des hommes de main pour les chasser et les tuer




Le processus de démarcation des terres guarani qui devait avoir lieu il y a plusieurs années est aujourd'hui gelé par le gouvernement brésilien, engendrant une grande détresse chez ce peuple indigène qui connaît une épidémie de suicide unique en Amérique du Sud, avec de tragiques suicides d'enfants...




Sur la piste, nous échangeons avec le chef du village de retour à moto. Il nous demande dans un anglais impeccable pourquoi nous sommes venus.

Pour les rencontrer. Pour connaître et raconter à nos enfants l'histoire de leur peuple




C'est beaucoup et très peu. Nous le savons.

Nous sommes cependant si heureux d'avoir osé et de voir notre joie partagée. Les sourires illuminent leurs beaux visages graves. Nous les étonnons, les femmes s'amusent de notre famille de filles.

De retour dans Baloo, Faustine résume notre sentiment : « Je crois qu'ils étaient contents de nous voir ! ». Oui nous avons partagé un moment vraiment unique !

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