Juin 2014 - Zimbabwe - Matropos Hills





Nous sommes seuls dans le Municipal Caravan Park situé au coeur de Central Park, un immense îlot de verdure dans le centre de Bulawayo, la seconde ville du Zimbabwe - où nous nous arrêtons pour nous ravitailler et nous connecter au reste du monde !




Il fait toujours froid la nuit et nous gardons nos bonnets de bon matin !

La roue a tourné : alors que nous étions en maillot de bain en décembre, nous voilà atteints des petits maux de l'hiver, rhumes et picotements de gorge... A nous les vitamines au petit-déjeuner !

Cours de gymnastique afin de se réchauffer avant la classe du matin. Nous mettons les bouchées doubles car nous voulons terminer le programme scolaire début juillet. Nous y sommes presque !

Nous visitons le célèbre Musée d'Histoire Naturelle de la ville, LE musée du Zimbabwe présentant les plus importantes collections d'Afrique australe et peut-être de l'hémisphère sud. Nous nous instruisons en arpentant les galeries consacrées aux hommes préhistoriques, à l'artisanat, à l'histoire du continent et à la géologie. Tout est passionnant et la matinée file sans que nous ayons vu le temps passer

Cette carte établie par le français G. de l'Isle de l'Académie Royale des Sciences date du XVIIIe siècle et nous montre le travail des cartographes à l'époque de la découverte du continent

Nous rions en lisant les descriptions : « les Heusaquas : cette nation se sert de lions dans le combat », « Les Cochoquas : dont le Chef prétend être le Roi de tous les environs », « Royaume de Mataman : que la plupart des géographes placent ici mais dont la situation est fort incertaine » , « Forêts habitées par les Bakke Bakke que l'on dit être une nation de nains », « Les Zimbas : peuples anthropophages qui adorent leur Roi »...

Evidemment, les sites stratégiques pour les colons sont bien répertoriés : « Les Chanoucas : riches en bétail », « Royaume de Chicova où il y a beaucoup de mines d'argent », « Mines d'or »...






Beaucoup d'objets anciens sont présentés dans les vitrines : voici l'attirail des dentistes à l'époque de la colonisation !






Une ancienne voiture à cheval : « Royal Mail Contractor »


Nous tombons en arrêt devant l'incroyable collection d'insectes qui tapisse les murs d'une salle gigantesque. Le nom de chaque spécimen est calligraphié à la plume.

Il y aurait 75 000 animaux - petits et gros - ainsi répertoriés dans le musée. Nous n'avons hélas pas le droit de photographier les magnifiques animaux empaillés en situation : des antilopes en saut, des lions dévorant un zèbre, des oiseaux en vol... et même le deuxième plus grand éléphant empaillé du monde ! Impressionnant bien sûr





Nous savons désormais pourquoi les araignées ne sont pas des insectes : elles n'ont pas d'antennes et ont huit pattes au lieu de six. Affreux spécimens!







Notre voyage fait découvrir à nos filles de nouveaux métiers. Botaniste ou gemmologiste par exemple.

Rose se verrait bien « découvreuse de papillons » !




Celui-ci a des moeurs évoluées !





En sortant du musée, nous tombons sur ce restaurant Cape to Cairo, repaire des overlanders qui traversent l'Afrique de l'est de Cape Town, en Afrique du Sud (indiqué à 1150 miles) au Caire, en Egypte (3500 miles). C'était notre rêve, l'étincelle de notre voyage. Voici une adresse pour nous !





A 35 km de Bulawayo se trouve le parc national des monts Matobo, inscrit au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'Unesco pour ses « collines chauves » (amatobo en zoulou), vieilles de plus de 3000 millions d'années et abritant, selon la croyance locale, l'esprit des ancêtres

Un certain mystère entoure les entassements rocheux de Matobo qui ont servi de terres d'accueil à plusieurs tribus successives

Les premiers à investir les lieux furent les Sans il y a plus de 40 000 ans. Cette communauté primitive de chasseurs-cueilleurs couvrit les parois des surplombs rocheux de peintures rupestres magnifiquement conservées. Nous visitons la grotte de Nswatugi où ont été découvertes les plus anciennes traces humaines du Zimbabwe






Seuls en ces lieux sacrés, après un parcours ardu et à peine balisé, il ne nous est pas difficile de nous prendre pour des explorateurs !

Nous sommes subjugués par la précision du dessin des girafes et des zèbres au galop. Nous reconnaissons impalas et koudous, distinguons des scènes de chasse. Les murs s'animent devant nous : notre imagination, nourrie depuis des semaines au contact de la vie sauvage, leur donne vie. C'est féerique !

Nous explorons également le White Rhino Shelter (refuge du rhinocéros blanc) célèbre pour ses dessins au trait, uniques au Zimbabwe

Gnous, zèbres, rhinocéros et silhouettes humaines stylisées marchent sous nos yeux émerveillés

Après les Sans, d'autres tribus élirent domicile dans ces collines : les Torwas après avoir quitté Great Zimbabwe au XVe siècle, les Rozwis au XVIe siècle, les Ndébélé au XIXe siècle. Jusqu'à ce que les Britanniques arrivent dans cette région de l'Afrique australe sous la gouverne de Cecil Rhodes. Fasciné par la beauté des lieux, ce dernier décida de se faire enterrer au sommet d'une colline dont il surnomma le panorama : « View of the World », rien que cela !


Deux autres hommes puissants, amis de Rhodes, furent également ensevelis ici. Nous méditons un instant face à leur tombe : l'ironie du sort veut en effet que les corps des colonisateurs les plus virulents reposent sans le savoir au sommet d'une colline sacrée pour les Ndébélé, appelée Malindidzimu, ce qui signifie « demeure des esprits bienveillants » dans la langue locale...






Nous quittons le parc de Matobo et ses paysages empreints de mysticisme, heureux d'avoir découvert ce haut lieu de l'histoire et de la culture zimbabwéenne

Sur la route des chutes Victoria, nous nous faisons à nouveau arrêter par des policiers désireux d'arrondir leur maigre pension.

Pour divers motifs auxquels nous apportons patiemment les réponses adéquates :
- nous avons un feu arrière brisé - « c'est un feu additionnel pour le brouillard »
- nous n'avons pas de réflecteurs - « notre véhicule est en importation temporaire, il obéit à la législation française qui n'impose pas la pose de réflecteurs »
- nous roulons trop vite - « non, nous voulons voir le radar »
- le radar montre 80 au lieu de 60 - « ce n'est pas une preuve, il n'y a pas de photo de notre plaque d'immatriculation »...

Longues palabres qui nous permettent de traverser le pays sans verser de participation à la corruption généralisée ! Et dire que nous avons rencontré de malheureux sud-africains, apeurés par les menaces de comparution en justice, qui ont déboursé 700 dollars en une journée...



Nous avons néanmoins une botte secrète en quatre points que nous dévoilons en guise de conseil aux voyageurs :

- ne jamais montrer les originaux des documents demandés (passeport ou permis de conduire) mais leur photocopie plastifiée. La montrer en la gardant fermement en main afin que les policiers n'aient aucune monnaie d'échange.

- ne jamais tenter de négocier le montant de l'amende mais refuser l'infraction en demandant à comparaître devant le juge si besoin.

- ne jamais forcer les barrages de police : il y a toujours, caché sur le bord de la route, un homme armé d'un fusil prêt à dégainer.

- garder le sourire (avec le temps, on y arrive !), dire qu'on a tout son temps (le plus dur car c'est faux !), qu'on n'est pas sud-africain (ils semblent être les vaches à lait de la région !) et qu'on connaît le truc puisqu'on est arrêté trois fois par jour...

On s'en sort alors avec un: « you can go but you must obey». Victoire et pensée à notre bonne étoile !

Pour peu, on en viendrait à donner de l'argent aux policiers honnêtes ! :o)


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