Décembre 2013 - Bolivie - Uyumi




Nous décidons de parcourir le fameux Salar d'Uyuni en 4X4 de location afin de ne pas mettre plus à l'épreuve notre fidèle Baloo qui montre des signes de faiblesse évidents (50km/h en vitesse de pointe)...

Nous voilà donc partis pour 2 jours tout confort : pas de conduite, pas de cuisine, pas de bivouac à monter. Nous laisser guider par Ronaldo, notre chauffeur-guide-cuistot aux petits oignons !

Star du Sud-Lipez, le Salar d'Uyuni est le plus grand désert de sel du monde : 12 000 km2 - la taille de deux départements français - d'une blancheur éblouissante ! Si blanc qu'on peut le voir depuis la lune. Si plat qu'on peut apercevoir à l'horizon la courbure de la Terre ! Une pure merveille. A 3650 m d'altitude


Nous partons à l'assaut de l'Isla del Pescado, île volcanique sauvage, hérissée de cactus millénaires. Quel spectacle !

Nous nous prenons pour des Robinson échoués sur une île déserte, perdus au sein d'une mer immaculée !

Les cactus sont impressionnants ! Gigantesques. Jusqu'à 12 m de haut.

Pas de navire au large ! Cela ne nous aurait pourtant pas étonné. Plus incongru en revanche, ce parachute ascensionnel ! Le tourisme se développe : les 4X4 suivent le même itinéraire balisé ressemblant de loin à une colonne de fourmis.

Nous faisons halte pour déjeuner dans un véritable hôtel de sel. Inouï ! Tout est en sel : le sol qui crisse sous nos pas, les blocs des murs, les tables sous les nappes, les tabourets, jusqu'à la déco soignée. Nous n'en croyons pas nos yeux !



Officiellement, l'hôtel est fermé. Pour des raisons écologiques : en plein désert, aucune possibilité d'évacuer les eaux usées sans polluer.

Quand on sait que la moitié des réserves mondiales de lithium gît sous l'épaisse croûte de sel... Le Salar est au centre de toutes les attentions : gouvernement et multinationales rêvent d'exploiter cet eldorado pour l'instant protégé ; de quoi alimenter durablement les batteries électriques que la fin du pétrole rendra nécessaires et propulser la Bolivie dans l'arène des VIP au côté de l'Arabie Saoudite...

Avec bien sûr, l'envers du décor : une mine à ciel ouvert, à la luminosité à peine supportable, où les villageois viennent pelleter, encagoulés, pour un salaire de misère. Le sel extrait est acheminé vers une usine de traitement qui lui adjoint de l'iode. Les villageois, eux, préfèrent les pains de sel non iodés qui se conservent mieux et ne prennent pas l'humidité. Mais qui favorisent, hélas, goitre et crétinisme, maladies qui frappent ces villages reculés de montagne...

Au milieu du Salar, de curieuses eaux chaudes guérissent les rhumatismes. Les villageois y amènent les anciens...

Au pied du volcan Tunupa, au nord du Salar, Tahua abrite un hôtel de sel construit et animé par la communauté villageoise. Ce sont les familles, une trentaine, qui assurent à tour de rôle le service. Elles aussi qui en perçoivent les fruits... Les agences de voyage, qui n'y ont aucun intérêt, ont bien essayé de nous dissuader : « adition salée », « pas le numéro », « pas possible de réserver »... Nous avons insisté car nous aimons l'idée.


Et nous n'avons pas été déçus ! L'hôtel, construit avec des matériaux locaux (sel, chaume, bois de cactus), respecte la Pachamama (la « terre-mère » vénérée par les indiens) : l'eau est chauffée par le soleil et nous dînons aux chandelles! La déco rustico-chic nous plaît et nous avons la chance de nous endormir sous de confortables couettes en plumes d'oie des Andes ! Luxe, calme et volupté. Pour nous, parenthèse enchantée...






Nous souhaitons bonne chance à notre formidable cuisinière qui reçut nos compliments avec tant d'émotion, nous parlant de Paul Bocuse et de son rêve d'étudier la cuisine en France, elle qui fît déjà avec bonheur l'université de cuisine de la Paz ! Nous avons dégusté grâce à elle le meilleur dîner de notre séjour en Bolivie. Il y a des rencontres inoubliables...

Seuls quatre familles subsistent dans le petit village voisin. Des cultures du quinoa et de la pomme de terre. De l'élevage des lamas. Chichement. Le village abrite pourtant de nombreuses ruines, signe de son importance passée. Nous visitons le petit musée local: poteries, ustensiles de cuisine, pierre à moudre le quinoa, habitat en bois de cactus, costumes traditionnels, animaux de la région empaillés (dont le redouté puma ou lion des montagnes)...

Nous tombons sous le charme du jardin de curé en contrebas du musée. Le vent - et son modeste propriétaire ! - y ont sculpté dans la roche volcanique d'étranges statues qui se fondent dans le sublime paysage. La vue sur le Salar y est époustouflante et Aurélie coulerait volontiers de vieux jours heureux ici !

Nous découvrons nos premières momies, vieilles de 1200 ans, naturellement conservées dans des cavités rocheuses par le froid des Andes! Comme Raspar Capac dans Tintin et le temple du soleil. Certaines ont encore peau, cheveux et ongles. Vraiment impressionnant ! Nos filles ne nous ont pas fait le coup du « mal des cimetières » mais nous avons eu de grandes discussions : la vie, la mort, la vie après la mort, le passé, les ancêtres, l'avenir... Retour à l'essentiel !

Pour nous remettre de nos émotions, nous nous arrêtons au milieu du Salar pour une séance photo inédite. Nous nous jouons de l'absence de perspective et nous amusons comme des fous !

Bastien essaye d'élever ses filles ! Quel travail !

Nous souhaitons à chacune et à chacun d'entre vous une heureuse année 2014, pleine de découvertes, de rencontres et d'amour partagé !

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