Novembre 2013 - Bolivie - Crater de Maragua

A l'Ouest de Sucre, le cratère de Maragua est une étonnante formation géologique dont les contreforts aplatis, en forme de pétales, offrent un dégradé de verts calcaires mélangés au rouge de la ferrite du plateau. Son origine est mystérieuse, peut-être due à l'impact d'un météorite



Gagner le cratère est une véritable aventure ! Car la piste qui y conduit traverse l'imposante Cordillera de los Frailes et ses vallées enclavées où habitent les Indiens Jalq'a. Difficile en temps normal ; impossible en saison des pluies : les villages Jalq'a vivent hors du temps, coupés du monde la moitié de l'année...

Ils abritent une population rurale, de langue quechua, vivant des cultures du blé et du maïs.







La sérénité des lieux nous gagne et nous ferions bien la sieste dans cet arbre mais il s'agit d'un séchoir pour le maïs. Selon une méthode ancestrale !

Nous sommes subjugués par la beauté des paysages et décidons d'y demeurer quelques jours.

Les filles font l'école buissonnière





Nous sommes seuls au monde !

Pourtant, Faustine s'écrie tout à coup : « Maman, c'est normal ? Il y a une petite fille qui me regarde derrière un buisson ».



C'est Léonarda qui rentre de l'école. Avec ses frères et soeurs (cachés derrière d'autres buissons) !

Elle habite loin, derrière les pétales du cratère, à 2 heures de marche de Maragua. Elle crapahute donc 4 heures par jour dans ces montagnes, parce que l'école c'est important ! Quelle leçon!

Pendant 3 jours, nos filles attendent le retour de l'école afin de partager leurs jeux et leur goûter avec les enfants, timides mais intrigués, dont le chemin croise notre bivouac...







Nous nous ravitaillons chez une impayable petite bonne femme - au sourire international et au sens du commerce aiguisé - et partons à l'assaut du centre du cratère.


Les filles s'attendaient à y trouver une météorite, Aurélie de l'eau, Bastien une belle vue... Nous découvrons en fait le cimetière du village ! Et une vue magnifique !








De retour, en plein cagnard, Faustine et Rose nous devancent et nous attendent à l'ombre de Baloo!



Bastien construit un oratoire avec ses filles ; ce qui nous attire des visites et de bien belles discussions !

Ainsi cette femme qui nous parle du soleil, « notre père », de la lune, « notre mère », de Dieu, des ancêtres au coeur du village (le cimetière !), de l'importance de la foi et des prières pour que la pluie vienne...

Nous sommes émerveillés par l'accueil spontané, la curiosité bienveillante et la gentillesse désintéressée des Indiens Jalq'a !



Et intéressés par leurs magnifiques tissus en laine rouge et noir, tellement différents de tout ce que nous avons vu jusque-là : des créatures surréalistes, de différentes tailles, ne répondant à aucun ordonnancement dans l'espace, s'emboîtent les unes dans les autres. Obscur et élégant ! Parmi les plus beaux tissus d'Amérique Latine !

Les tisserandes mettent plusieurs mois à confectionner ces pièces qui sont aujourd'hui reconnues à leur juste valeur esthétique (et marchande !).





Le Musée d'Art Indigène de Sucre les expose comme de véritables oeuvres d'art : certaines pièces atteignent des prix astronomiques et sont destinées exclusivement à l'exportation.

Une bonne chose pour ces populations dont l'artisanat constitue, avec les récoltes, la principale source de revenus...


Une mésaventure nous retient un jour de plus dans ce lieu magnétique: en partant, après avoir pique-niqué, nous laissons notre sac de vaisselle accroché sur le pare-choc avant de Baloo !

Résultat : notre vaisselle semée en plein vent, petite cuillères et fourchettes, une à une, sur des kilomètres... Nous avons tout perdu, nous ne pouvons plus cuisiner ! Demi-tour ! Les filles montent sur le capot de Baloo et jouent au Petit-Poucet. Nous retrouvons tout ! Et retournons bivouaquer dans notre petit coin de paradis...

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